Quitter les monts d’automne
Émilie Querbalec
Albin Michel Imaginaire
Issue d’une famille de conteurs, Kaori vit sur Tasaï, un monde qui s’apparente au Japon ancestral. L’écriture y est interdite et les conteurs reçoivent leur don du flux, qui irrigue tous les mondes au pouvoir des moines Talanké, au cours d’une expérience initiatique nommé « ravissement ». Kaori a perdu ses parents dans des circonstances mystérieuses et c’est sa grand-mère Lasana qui pourvoit à son éducation. Mais le ravissement de Kaori tarde à tant à subvenir qu’elle est orientée vers une carrière de danseuse. Au rythme d’un instrument que l’on appelle risen, la danseuse accompagne le conteur dans une gestuelle et des postures dépendant d’un code éminemment rigide. D’abord récalcitrante, Kaori comprend un jour que son avenir dépend de son excellence à assimiler et dépasser ces codes. Lorsque sa grand mère meurt, elle lui lègue un curieux rouleau doté d’une serrure inconnue dans son monde mais qu’elle parvient pourtant à ouvrir et qui renferme une arme dangereuse pour qui la détient : un écrit.
À partir de ce moment, Kaori décide de se prendre en main en sortant des monts d’automne pour se rendre à Pavané, la capitale de Tasaï. La rencontre d’une femme visiblement étrangère à son monde, Dame Aymelin ainsi que la survenue d’un événement dramatique qui l’affecte au plus profond d’elle-même vont précipiter son destin dans des aventures inouïes.
Toute la première partie du roman est imprégnée du raffinement de la culture japonaise (l’auteure est née au Japon) et ne manque pas de charme. La seconde, à partir du moment où Kaori perd brutalement sa naïveté et se trouve en perpétuel danger de mort, devient une aventure de science-fiction haletante où la différence fait partie du voyage.
En bref, un ouvrage original et ambitieux dont toute la partie scientifique a été validée par des partenaires de haut-vol. Une auteure à suivre… CB
Chronique parue dans Gandahar 26 de décembre 2020