(tr. Thierry Arson)
Les gratte-ciels sont devenus des gratte-sols. Le sable a tout envahi et les plongeurs des sables sont les nouveaux héros du résidu d’humanité qui peine à survivre. Leurs combinaisons spécialement adaptées ainsi que leurs performances personnelles les amènent à voyager dans le sable comme ils le feraient dans l’eau. De leurs plongées, ils ramènent des vestiges industriels de la civilisation disparue qu’ils monnayent cher. Tous recherchent le trésor qui les consacrera, tous recherchent Danvar, la ville engloutie, l’objet de tous les fantasmes.
L’intrigue se déroule à l’aplomb de l’ancien Colorado, dans un contexte de guérilla entre les villes voisines de Springston et Low-Pub qui se disputent les puits d’eau et de pétrole, au seuil d’une zone dont personne ne revient et qu’on nomme le No man’s land.
Et justement, le père, un Seigneur, un plongeur émérite, n’est jamais revenu du No man’s land. Palmer et Vic, ses deux premiers enfants, ont tiré leur épingle du jeu en devenant plongeurs, comme lui. En revanche, Rose, sa femme, a dû se résoudre à vivre de ses charmes au Puits de Miel, établissement gagné aux dés par son mari et situé entre Springston et sa banlieue : Bidonville. C’est tout ce qui lui reste de l’aisance passée : une vulgaire maison de passe, accessoirement le rendez-vous des plongeurs. Quant aux deux derniers nés de la famille, Conner et Rob, régulièrement abandonnés par leurs aînés, ils se débrouillent comme ils peuvent.
Cependant, une conjonction d'événements va bouleverser l’ordre établi. Palmer disparaît lui aussi au cours d’une mission réalisée avec son ami Hap pour le compte d’individus plus que louches. Une rumeur répand l’information que Danvar a été découverte, mais par qui ? Vic est persuadée que seul Palmer peut avoir plongé assez profond pour cela, mais qu’est devenu Palmer ? Et que vont découvrir Conner et Rob en se rendant, comme chaque année, à la frontière du No man’s land où leur père a été vu pour la dernière
fois ?
Cette dystopie passionnante se déroule dans une ambiance asséchée et venteuse qui évoque un peu Madmax et plus fugitivement La Horde du Contrevent. Il semble que l’auteur, découvert et propulsé par Actes Sud pour sa trilogie Silo, a bien pris en compte les éléments que certains critiques lui ont reprochés, car les personnages sont bien brossés, attachants et l’action court sans le moindre temps mort, aussi fluide que du sable qui glisse entre les doigts.
Quant au final, sera-t-il à la hauteur ?… je vous le garantis, vous ne serez pas déçus !
CB
Chronique parue dans Gandahar 16 Christine Renard en février 2019