John Erns , le narrateur, se fait embaucher comme majordome au château de la famille Dumont Lieber où vivent Agatha, la châtelaine, Gabriel, son petit fils et deux autres domestiques. Gabriel est autiste. Il a perdu ses parents lors d’une catastrophe et s’est réfugié depuis lors dans un monde virtuel auquel il accède grâce à des sortes de lunettes nommées cyclope et dont l’univers est spécifiquement celui des Voyages extraordinaires de Jules Verne. On comprend assez vite que John avait une idée derrière la tête en briguant cet emploi.
L’intrigue se déroule dans un monde futuriste où l’usage du papier est interdit aux particuliers. Les livres sont recyclés pour la paperasserie de l’état et remplacés par des tablettes avec accès à l’e-fond de la BnF. Or le virus informatique Big Worm a détruit une grande partie du matériel sauvegardé dont tout ce qui a trait à l’œuvre de Jules Verne.
On se rend compte que John est à la recherche de quelque chose dans la maison, qu’il finit par trouver : Une bibliothèque secrète qui comprend tous les ouvrages de Jules Verne, dont les magnifiques reliures rouge et or de la collection Hetzel . On pressent à ce moment qu’outre John le majordome et Gabriel, l’enfant autiste, Jules Verne est le personnage central du livre.
Tout se complique lorsqu’on s’aperçoit que John Erns a d’autres personnalités, mais lesquelles et pourquoi ? Quelle importance vont avoir les personnages du capitaine Nemo, de Pearline Khan, de Stargazer dans ce récit ? Qui sont les nains ? L’ignoble Lamprin ne sera t-il pas puni pour son forfait ?
Outre le fait de retrouver avec plaisir le monde des Voyages extraordinaires de Jules Verne, on est interpellé par certains sujets un peu hermétiques comme la métemppsychose, l’égrégore, la puissance du mythe. Et puis surtout l’autisme à travers Gabriel : « C’est off limit, ôm ! Ce gosse n’est pas humain, Il y a trop de monde… Trop de variantes… ».
En bref, il est clair que l’auteur a mis beaucoup de lui-même dans ce roman et cherche Aà faire passer des messages. La mise en place de l’intrigue est un peu longue, un peu complexe, certes, mais quand ça part, c’est exponentiel : La Voie Verne va plus loin que Jules Verne, oh ! beaucoup plus loin, vers « Une putain de fucking légende cosmique ! ».
CB
Chronique publiée dans Gandahar 16 Christine Renard en février 2019