Ce n'est pas par hasard si la couverture du livre d'Hélène est verte, puisque tout ce premier tome se trame autour d'une entité soignante mi-végétale, la source verte que l'auteur appelle "la serre".
On s'engouffre sans délai dans une histoire complexe, qui peut avoir l'air de partir dans tous les sens puisque le découpage du scénario nous balade d'un lieu à un autre et nous conduit de surprise en surprise. On ne sait pas du tout où l'on va. Des personnages apparaissent, pas tous humains d'ailleurs, sans qu'on devine quelle importance ils auront par la suite.
Dans ce premier tome, on s'attache immédiatement à Hélène, une petite fille abandonnée, pas tellement gâtée par la nature et qui souffre d'un grave déséquilibre psychologique. Jusqu'à ce que la serre décide de lui venir en aide...
Moïra, biologiste, s'est déliée des laboratoires Varkoda et plus encore de leur PDG, Arès Varkoda, gravement malade du cœur, qui recherche désespérément la plante qui va le guérir mais dont les méthodes non respectueuses du vivant ont fini par la dégoûter. Elle se bat désormais pour l'empêcher de nuire. Sera t-elle de taille ?...
C'est au deuxième tome seulement qu'on relie les différentes lignes de narration. Hélène, guérie, devient Méline. Son acolyte, le chat Croac, subira également une métamorphose tandis qu'une abomination est libérée dans un mystérieux rituel. Quelque part erre son servant sans visage. Et puis il y a aussi la source bleue... bleue comme la lueur du champignon sur la dernière plante grenouille enfermée dans un caisson étanche au fond des écrous, le laboratoire souterrain de l'empire Varkoda.
À la fin du 2e tome, un nouveau personnage apparaît : Enora, qui ne peut manquer de prendre de l'ampleur. Il est clair qu'avec autant de nouvelles pistes, cette histoire qui nous tient en haleine est loin d'être finie.
Un questionnement et une réflexion sous-jacente donnent à ce récit une ampleur philosophique : que devient la nature face à l'appétit dévorant des firmes pharmaceutiques ? Ceux qui prétendent nous soigner ne nous empoisonnent-ils pas ? De quelle façon est regardé, ressenti, quelqu'un qui est différent ?...
Personnellement, j'ai adoré l'imagination foisonnante de Sarigan qui ne marche pas dans les sentiers battus même si l'on capte ça et là quelques influences. D'ailleurs, en attendant le tome 3, je vais relire l’Arrache-cœur de Boris Vian et Endymion de Dan Simmons.