À force d'entendre revenir le nom de Nathalie Henneberg dans nos conversations, je finis par avoir envie de la découvrir, comme m'y incitait sans le dire Jean-Pierre Fontana. Ma surprise fut grande car je ne m'attendais pas à une telle qualité d'écriture, tout d'abord, ni à une telle culture ensuite. Je fus immédiatement séduite par la première nouvelle que je lus "Pavane pour une plante" qui figure dans ce numéro. Nathalie Henneberg est capable d'une grande capacité d'évocation, et sa prédilection pour le fantastique me semble manifeste.
Jean-Pierre Fontana est également rédacteur en chef de la revue Galaxies Mercury, deux fois dans l'année avec son compère Jean-Pierre Andrevon. Ils décidèrent, avec l'accord de Pierre Gévart (directeur de publication) de rendre justice à Nathalie Henneberg, en train de sombrer dans l'oubli, en lui consacrant un dossier et en publiant son dernier roman inédit : Kheroub des étoiles. Mais cela ne suffisait pas à JipéF. Et c'est ainsi qu'il me proposa ce hors-série rééditant des nouvelles parues dans diverses revues dont Fiction reste la plus connue. La cause fut vite entendue.
Nous décidâmes ensemble du sommaire puis se posa la question de la couverture. L'idée d'un graphiste russe pour illustrer une femme venue du Caucase s'imposa à moi. Sachant que A.F. pratique l'anglais, je demandai donc à Bernard Sigaud, un collègue de l'association Gandahar, de me traduire une lettre que j'avais mise au point pour l'occasion. Je ne doutais pas de recevoir une réponse positive et ma couverture était déjà prête. Mal m'en prit d'avoir été aussi naïve, car je ne reçus pas la moindre réponse. L'ennui, c'est que j'avais maintenant une vision en tête pour cette couverture et que je ne voyais pas qui pouvait la réaliser.
Tu n'as qu'à prendre ton stylet ma petite ! me suis-je dit.
Et c'est ce que j'ai fait !
C'est le portrait de Nathalie jeune qui m'inspira ce personnage à la robe fluide, liquide et verte, comme certaines de ses atmosphères (Rien qu'un monstre par exemple). L'oiseau bleu (l'imaginaire) qui tirait sur le ruban de ses cheveux pour attirer son attention est devenu une chauve-souris bleue qui lui parle à l'oreille, un vampire : une de ses stryges infernales qui hantent ses récits.
« Et le mouchoir ? » me direz-vous ? Le mouchoir symbolise les apparences, les mœurs et la condition féminine de cette époque : une femme ne pouvait décemment proposer des écrits à un éditeur car elle n'était pas prise au sérieux. Une femme était sous la coupe de son mari pour tout ce qui relevait du social et de l'administratif. C'est pour cette raison que Nathalie signa ses nouvelles du nom de Charles Henneberg, d'abord, puis ses romans, même lorsqu'elle fut reconnue, de Nathalie et Charles Henneberg ou encore Nathalie C. Henneberg.
Voyez comme elle le tient avec dédain ce mouchoir : Foutaises que ces coutumes désuètes ! D'ailleurs, regardez, elle le laisse tomber, comme un signe des belles du temps passé. Quant-à celui qui va ramasser le joli carré brodé, que trouvera t'il ?
Des livres bien entendu !
Pour en savoir plus sur la revue et l'association Gandahar : Gandahar.net
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